Unique en RDC, la mangrove située à l’embouchure du fleuve Congo constitue un écosystème au biotope végétal très particulier. Avec des eaux allant jusqu’à 14 mètres de profondeur, elle offre une flore bigarrée, variant au gré de la nature de l’eau tantôt douce, tantôt salée, tantôt mélangée.
Parsemée d’innombrables îlots, elle est arpentée de palétuviers aux racines à la fois aériennes et à la fois immergées, aux allures de grands échassiers. Omniprésentes, des plantes endémiques telles que des palmiers raphia, des pandanus, des rhizophoras, des baobabs, et des palmiers dentés en bordent les berges. D’une importance insoupçonnée, ces plantes assurent la stabilité du littoral offrant une protection contre l’érosion.
Dans ses eaux se baladent des lamantins plutôt discrets, plus en amont, des hippopotames qui se dérobent à peine aperçus, mais aussi des crocodiles, des varans, des serpents, des poissons amphibies, des crabes, des cercopithèques et sept espèces de tortues. Au gré des méandres, une multitude d’oiseaux (aigrettes, vautours, perroquets, hérons cendrés) virevoltent d’un arbre à l’autre pour le plus grand plaisir des navigateurs d’un jour.
Riches en crevettes d’eau douce et en palourdes, les eaux des mangroves offrent aux pêcheurs une source d’alimentation et de revenus non négligeable. Expérimentés, les plongeurs et plongeuses s’enfoncent en apnée jusqu’à 6 voire 7 mètres de profondeur pour ramener dans leurs pirogues les précieux crustacés. Pratique reçue de leurs ancêtres, ils initient les plus petits dès leur plus jeune âge afin d’assurer la pérennité de leur activité. Il n’est d’ailleurs pas rare de croiser une maman avec son enfant dans la pirogue entourée de cet inestimable sésame.
Vous l’aurez compris, les mangroves regorgent de précieuses ressources et tout est mis en œuvre pour accueillir les visiteurs. Balade en bateau, remontée du fleuve vers la ville de Boma à la rencontre des hippopotames, lever du soleil au milieu du lac de l’île aux perroquets, traversée de l’île de Bulambemba occupée par un nombre incalculable de créatures à l’air curieux, vivace et furtif, descente nocturne sur la plage à la rencontre des tortues sont au programme.
Pour ceux qui souhaitent s’immerger davantage dans l’atmosphère unique des mangroves, Kimwabi, l’île jonchée de coques de palourdes et au blanc éclatant, accueille les visiteurs pour une ou plusieurs nuitées aux couleurs on ne peut plus locales. Et pour les plus téméraires, une plongée avec les pêcheurs locaux est aussi possible.
Pourtant, tout aussi séduisant et attrayant qu’il puisse être, le singulier biotope des mangroves est un écosystème en constant danger. Menacée par le déboisement causé par la coupe anarchique de bois, l’envahissement de la côte par la construction de nouvelles habitations, le braconnage des tortues olivâtres, la pollution due aux navires qui circulent dans l’embouchure, la mangrove se bat pour assurer sa pérennité. Il s’agit donc d’un doux équilibre à trouver et à conserver. Un écrin à préserver. Bienvenue.