La stratégie vaccinale des pays du Nord compromet leur volonté d’une coopération avec ceux du Sud contre le réchauffement dénoncé par le rapport du Giec.

Au lendemain de la publication du rapport du Giec et à l’approche de la COP26, réunion de l’ONU pour les efforts mondiaux contre le réchauffement en novembre à Glasgow, le comportement des Européens et Américains a illustré à quel point la vie d’un Africain vaut, à leurs yeux, bien moins que la leur. Comment alors concilier les pays du Sud, et les inciter à œuvrer ensemble à lutter contre les émissions carbone? À titre d’exemple, dans le nord de l’Afrique du Sud à Medupi, le gouvernement Sud-Africain vient de mettre en service une de plus grandes centrales électriques à charbon du monde. Du point de vue de Pretoria, tant pis si les émissions polluantes déclenchent dans d’autres parties de la planète du dioxyde de carbone dans l’atmosphère jusqu’en 2070. Priorité au développement économique. Après tout, l’occident n’a-t-il pas contribué depuis le XIXe siècle à la quasi-totalité des émissions responsables de l’augmentation de la température sur Terre? Et pour illustrer cet égoïsme notoire, les pays du Nord ont mis en place une vaccination Covid-19 totalement inégalitaire. Quand plus de 50% des occidentaux se préparent à recevoir une 3e dose de vaccin, 99% des africains n’ont pas reçu la 1ere. Une situation cruelle à l’origine des troubles politiques en Afrique du Sud et en Tunisie.

Outre que le virus, mutant à toute vitesse, risque de rendre sans effet les vaccins pour une partie de l’humanité, cette inégalité a des conséquences dangereuses pour l’ensemble de la planète. La mortalité est en augmentation, les pénuries et l’inflation s’accélèrent, et le « Us first » des pays industrialisés cristallise le ressentiment au Sud. Les Occidentaux sont bien mal placés pour appeler les pays du Sud à la mobilisation mondiale contre d’autres menaces comme le changement climatique.
Les dirigeants européens avaient pourtant validé en mai 2020 le principe selon lequel le vaccin anti-Covid deviendrait un “bien public mondial » qui soit “disponible, accessible et abordable pour tous » sur la planète. L’engagement est resté lettre morte.

Alors que le Giec vient de publier un rapport qui fait froid dans le dos, le combat contre le changement climatique et la lutte contre la pandémie ont en commun que pour être efficaces et opérer un changement dans les comportements et les mentalités, une coopération internationale exemplaire est nécessaire. Les deux maux sont aussi dangereux l’un que l’autre: le Covid a déjà provoqué la mort de 4,5 millions de personnes, et la pollution atmosphérique en tue au moins autant chaque année.

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Prenez soin de vous.

Marie-Aude Delafoy
Éditeur