Né en Afrique du Sud, Trevor Stuurman a plus d’une corde à son arc : il est styliste, blogueur et photographe. Un nom bien connu dans l’industrie de la mode sud-africaine.
En ces temps de croissance rapide de l’industrie de la mode, l’authenticité et les icônes de mode sont devenus des espèces en voie de disparition. Trevor Stuurman préserve l’âme de la mode africaine et est devenu un pionnier et unificateur incontesté de la mode africaine en présentant un récit unique dans son travail. En cette rare occasion, il a accepté de rencontrer Dennis Molewa, collaborateur de Hamaji Magazine, pour une interview intime.
Trevor Stuurman est à Berlin pour 24 heures ou il assistera au lancement de la nouvelle gamme d’accessoires de voyage de la marque Mont-Blanc au légendaire Théâtre Métropol de Berlin. Parmi les invités figurent des célébrités internationales comme Adrian Brody, Poppy Delevingne et Toni Garrn.
J’ai rencontré Trevor il y a de nombreuses années au tout début de sa carrière. Le croiser n’est pas une affaire facile de nos jours. Nous nous étions récemment revus lors de son dernier voyage au Cap et avions alors réalisé que nous serions tous les deux à Berlin en même temps. J’ai réussi à convaincre la célébrité de me rencontrer pour une rare interview en tête-à-tête, une promenade à travers la célèbre île musée et bien sûr un selfie obligatoire devant le mur de Berlin.
Nous y voilà, le Roi de la Créativité selon GQ et moi-même, couchés sur l’herbe verte à l’intérieur du parc historique Tiergarten, les rayons du soleil filtrant à travers les branches et les feuilles des arbres, pendant que nous regardons les nuages prêts à vous livrer quelques détails croustillants!
D.M: Quelle est la dernière chose que vous avez apprise ?
T.S: Ne jamais abandonner ! Peu importe le contexte. Pas même lorsque vous êtes sur le point d’organiser votre première exposition à la galerie Hazard à Maboneng et que votre ordinateur portable et tout le travail qu’il contient est volé. J’étais déterminé à ne pas abandonner, j’ai tout recommencé et j’ai réussi à recréer tout le matériel pour mon exposition « HOME » le 26 août 2017. Ce fut un énorme succès. Les femmes Himba sont une tribu en voie de disparition et il était important de leur rendre hommage. C’est à travers les photographies documentaires prises à Swakopmund, en Namibie, que j’ai tenté d’interroger l’idée de racines par l’exploration des cultures et des traditions. Un autre exemple est celui où j’ai manqué deux vols, ce qui s’est avéré être un cauchemar logistique. Mais on ne peut pas prendre ces choses trop au sérieux. Je suis d’accord avec Reinhold Niebuhr qui a dit que nous devons rechercher suffisamment de sérénité pour accepter ce que nous ne pouvons pas changer, avoir le courage de changer ce qui peut l’être et connaître la différence entre les deux.
D.M: Vaut-il mieux être parfait et en retard ou bon et à l’heure ?
T.S: Depuis quand le fait d’être bon suffit-il ?! À de rares exceptions près, l’art ne sauve la vie de personne. Faites toujours de votre mieux.
D.M: Qu’est-ce que ça fait d’être constamment en déplacement, de faire le tour du monde en jet-set, sans relâche à la recherche de nouvelles inspirations ?
T.S: C’est une question d’attitude et de détermination. C’est vrai que je suis toujours en mouvement, mais chaque voyage me permet d’avancer. Chaque expédition m’aide à mieux me comprendre moi-même. Lors de mes voyages à Londres et à New York, j’apprends particulièrement beaucoup des contacts avec la diaspora africaine locale. De cette façon, je trouve différents types d’Afrique dans d’autres endroits.
Parmi mes endroits préférés, il y a le Nigeria et le Kenya, où je me sens presque chez moi. Cependant, je dois dire que j’adore être en Afrique du Sud. Il n’y a rien de mieux que d’être chez soi et tout y est parfaitement logique.
D.M: De quelles situations avez-vous le plus appris ?T.S: Apprendre à comprendre mon propre potentiel et surtout apprendre à l’exploiter. Point final.
D.M: Je sais que vous êtes une personne qui n’aime pas trop planifier à l’avance ou parler de projets avant qu’ils ne soient matérialisés. Mais y a-t-il quelque chose que vous planifiez actuellement ou pour un avenir proche et que vous seriez prêt à partager avec nos lecteurs?
T.S: J’aimerais vraiment créer ma propre fondation. Etant issu d’un milieu défavorisé et étant un créateur autodidacte qui a dû surmonter d’innombrables barrières structurelles, sociales et culturelles dans notre société incroyablement complexe, j’ai identifié un fossé entre les jeunes créateurs en Afrique du Sud et le monde professionnel. Mon intention est de construire un pont favorisant les opportunités pour la jeunesse sud-africaine.
D.M: Vous êtes un photographe de mode et de street style africain, un artiste multimédia et un directeur de création très apprécié et récompensé, qui chérit son indépendance. Quand votre carrière a-t-elle atteint de nouveaux sommets ?
T.S: Dès le moment où j’ai cessé de me limiter aux normes de la mode et que j’ai étendu mes activités en tant que photographe et artiste qui cherche à nourrir une narration africaine à l’échelle mondiale, j’ai décroché des commandes qui me permettaient de faire ce que j’ai toujours voulu, de me développer naturellement comme artiste. Cela irait au-delà de la portée de cette entrevue pour tout énumérer. Mais ce qui a vraiment amené ma carrière à un nouveau niveau, c’est lorsque j’ai été chargé de photographier des gens comme Barrack Obama, Beyoncé ou Naomi Campbell.
D.M: Il y a-t-il quelqu’un que vous considéreriez comme une source d’inspiration, ou une idole peut-être ?
T.S: Quand j’ai rencontré Naomi au Nigeria pour la première fois, puis plus tard à New York, nous avons développé une belle amitié au sein de laquelle elle assume le rôle de sœur et de mentor. Chaque fois que nous voyageons et que nous sommes à proximité, nous faisons en sorte de toujours nous rencontrer. Naomi est puissante dans tous les sens du terme et ce qui m’intrigue le plus chez elle, c’est qu’elle mène une vie vraiment pleine et épanouissante. Elle a été capable d’incarner tous les types de femmes durant les différentes étapes de sa vie.