Sammy Baloji, 42 ans, né à Lubumbashi (RDC), figure majeure de l’art contemporain mondial, revient de sa première exposition à l’Académie des Beaux-Arts de Paris en juin 2021. Hamaji Magazine l’a rencontré dans sa ville de Lubumbashi, en RDC.

HM : Votre première exposition a eu lieu à l’école de Beaux-Arts de Paris, comment c’est arrivé ?
C’est un agencement de plusieurs événements. J’avais déjà reçu une invitation de la Directrice artistique du festival d’automne, qui tourne autour des spectacles vivants, cinéma, exposition, etc. dont l’Académie des Beaux-arts est partenaire. D’autre part, j’ai travaillé avec son directeur dans une expo collective « Durama » au Palais de Tokyo, il a trouvé que ce festival d’automne était une belle fenêtre pour présenter mon expo. Ça a coïncidé avec le programme Afrique 20-20, du président Macron.

Dans votre travail, vous questionnez l’histoire et la science…
J’étais intéressé de travailler sur période de la première modernité située lors des rencontres entre l’Occident et l’Afrique au XVe siècle et trouver des traces de ces échanges dans le paysage contemporain. Prenez par exemple le Royaume Kongo, il a une organisation sociale, économique, artistique, une production culturelle, etc. Mon travail remet en question toute l’histoire de l’art telle qu’elle est connue aujourd’hui.

La Biennale a été reportée en 2022, qu’en est-il aujourd’hui ?
Ce sera la première Biennale où plusieurs commissaires vont travailler avec Picha. Depuis 2017, nous avons un atelier pour accompagner les artistes locaux. Ces artistes peuvent rencontrer des professionnels en art, et ensemble, ils participeront à une exposition. L’art est important pour notre société, c’est un espace de réflexion, d’imagination, de critique.

Est-ce que votre carrière se penche vers une perspective académique ?
Je pense que face aux sciences, qui ont été offensives aux savoirs locaux, il faut aussi proposer une démarche scientifique pour faire valoir une histoire de l’art africain, rassembler les connaissances coloniales et pré-coloniales.

Un dernier mot ?
Nous vivons beaucoup d’émulation, que ce soit par rapport aux questions de restitution, à la décolonisation des savoirs, à la représentation des minorités, et des remises en question perpétuelles autour de l’État, des artistes, des écrivains et bien d’autres domaines. Il nous faut arracher notre place sur l’espace culturel mondial.

Entretien réalisé par Iragi Elisha pour Hamaji Magazine