Au Congo, la « bancarisation » est en cours depuis un an et demi. Ce qui signifie en d’autres termes qu’à l’échelle nationale les salariés : fonctionnaires, enseignants, les militaires, la police, etc. se sont enregistrés dans tout le pays pour obtenir un compte bancaire. Avec la bancarisation, c’est la fin du cash remis de la main à la main.

Désormais, les fonctionnaires congolais ont l’obligation de recevoir leur salaire sur un compte bancaire. Mais avec ce système, beaucoup découvrent qu’ils n’ont pas obtenu leur salaire complet dans le passé. Ce sont près d’un million de fonctionnaires – enseignants, personnel hospitalier, militaires, policiers qui, aujourd’hui, – doivent être « bancarisé ». Un énorme défi proportionnel à la taille du pays. Il s’agit d’une initiative du Gouvernement Congolais pour combattre la corruption. Dans l’intervalle, de nombreux fonctionnaires fictifs ont été découverts. C’est l’ordinaire du quotidien des banques de découvrir que sur les 2000 fonctionnaires enregistrés sur les listes, seuls 400 se présentent à l’enregistrement. Dans la ville de Feshi, le directeur Roland découvre que vingt et un noms inconnus ont été ajoutés sur la liste des 12 enseignants de l’école par un intermédiaire… Si l’inscription et le paiement des fonctionnaires est un véritable casse-tête dans les grandes villes, alors il est facile d’imaginer la complexité et la difficulté dans les zones les plus reculées, dépourvues d’établissements bancaires.

Bancarisation

Chaque mois, la ‘Trust Merchant Bank’ déploie ses employés aux différents coins du pays. De mauvaises routes qui n’en sont pas, où ils s’ensablent à chaque kilomètre. Des trajets à moto qui relèvent de l’exploit pour accomplir la mission qui leur a été confiée. Sur des radeaux ou en traversant des ponts branlants les agents de la bancarisation défient des rivières pour parvenir à payer les salaires pour couper le relai des intermédiaires. Ces solutions ont leur limite car il arrive qu’il y ait encore des enseignants qui doivent se déplacer pour recevoir leur salaire. Deux jours d’un voyage difficile pour parvenir à rejoindre l’endroit où la paie des salaires s’effectue.

Texte et photos Kris PanneCoucke