C’est un départ pour un voyage de presque trois mois, un aller-retour Kinshasa – Kisangani avec un convoi, lent et imperturbable. Les naufrages à répétition qui font de nombreuses victimes, rendent ces voyages périlleux.Sur les quais, pas d’épouses qui font des adieux aux matelots ; seulement des dockers qui perpétuent de façon temporaire la tradition du « portage », et quelques dizaines de militaires – kalachnikovs sur le côté – qui traînent là, des jours entiers sans trop savoir pour qui ni pourquoi.
En l’absence de routes reliant les principales villes de la République démocratique du Congo, le transport fluvial demeure le moyen de transport le plus utilisé par les populations congolaises, en général.
En RDC, la navigation et les «marins d’eau douce» sont donc vitaux pour l’économie du pays.
C’est un départ pour un long voyage de presque trois mois, un aller-retour Kinshasa – Kisangani. Des arrêts prévus à Mbandaka, Lisala, Bumba. Des chargements et déchargements qui s’enchaînent. Les naufrages à répétition font de nombreuses victimes, et rendent la croisière périlleuse.
En tête, le maître d’équipage, juché sur un camion, signale avec le sémaphore de ses doigts la profondeur indiquée par les deux sondeurs de la première barge. Ils plongent sans arrêt dans l’eau de longues tiges de bois graduées, et lui crient le métrage trouvé. La tension est visible sur la passerelle, et le commandant a toujours les jumelles braquées sur le maître d’équipage.
Il est interdit de naviguer la nuit. Les convois font de 12 à 15 heures de navigation par jour et s’arrêtent à la tombée de la nuit. Le matelot se jette dans l’eau et nage vers le rivage pour trouver un arbre en guise d’amarrage auquel il sécurisera le convoi pour la nuit.
Pour éviter les bancs de sable, les bateaux doivent faire appel à des « éclaireurs », des pêcheurs locaux, embauchés pour des petits parcours qu’ils connaissent bien. Ils prennent la barre pendant quelques heures. Le commandant du bateau doit aussi savoir « lire l’eau » : deviner, au sens des vagues et dans les lignes transversales du courant, la présence de sable sous un ou deux mètres d’eau.
Lors des violentes tempêtes les vagues se transforment en murs d’eau de 1 m 50. Le vent pousse le lourd convoi et risque à tout moment de le mettre dans le sens opposé de la marche. Et ce ne sont pas les 700 cv des deux moteurs qui pourraient empêcher cette volte-face. Les bateaux doivent obéir : les matelots sur le bateau-pousseur et les barges se retrouvent vite collés à la rive.
Le transport fluvial est non seulement important pour l’économie du pays mais également pour les matelots et les populations qui en profitent pour faire du commerce.
Tous les jours les bateaux voient arriver de chaque côté des dizaines de pirogues qui accostent. Le fleuve appartient aux pêcheurs, et tous, hommes, femmes, enfants dès trois ans, savent manier la pirogue et la pagaie avec une adresse prodigieuse, une légèreté sans pareille. Il arrive de voir dix ou quinze personnes debout dans une petite embarcation, criant et gesticulant. Ils viennent proposer des poissons ou des animaux imprévus, comme des crocodiles ou des boas, des fruits : avocats, mangues ou papayes. Ils viennent aussi acheter ce que les femmes des matelots proposent : friperie, babioles ou des médicaments contrefaits.
Bientôt l’arrivée au port… Les matelots savent qu’ils vendront bientôt, à leur tour, les poissons et crocodiles congelés à des acheteurs qui les attendent bras ouverts sur les quais.
Dormir entre Kinshasa et Kisangani
A Kinsangani : l’hôtel Palm Beach près du fleuve.
A Bumba : Guest House de l’église, fondé par le prêtre Carlos Rommel. Un prêtre qui est moitié dieu après tout ce qu’il a fait pour cette ville. Construction d’écoles, hôpital, église.
Se restaurer
La restauration toute simple de ces établissements.
Texte et photos : Kris Pannecoucke