«Le soleil est encore haut dans le ciel, mon corps se courbe sous la chaleur étouffante.
Devant moi, encore une centaine de mètres de chemin de fer à inspecter.
Une pierre plus scintillante que les autres attire alors mon regard, je me baisse pour la récupérer.
Mon nom est Zacharias Lewala et je n’imaginais pas un seul instant que cette découverte allait changer le destin de toute une région ».

Au beau milieu des étendues sèches et stériles du désert du Namib reposent les fondations d’une ville jadis flamboyante.
Sur les douces courbes des dunes émergent les vestiges rugueux de Kolmanskop, une ville fantôme autrefois capitale mondiale du diamant.
Aujourd’hui, il parait difficile d’imaginer que ces baraquements délabrés abritaient l’une des communautés les plus prospères au monde.
En s’installant à quelques kilomètres de Lüderitz au début du siècle dernier, les premiers habitants de Kolmanskop ne se doutaient pas de la richesse qui se trouvait sous leurs pieds…littéralement!
En effet, il suffisait de se baisser pour ramasser les diamants à la main, à même le sol.
C’est ce qui arriva le 08 avril 1908 à Zacharias Lewala.

Avant la fièvre du diamant, Kolmanskop était une petite ville insignifiante. Si insignifiante que l’origine de son nom provient d’un simple transporteur -Johnny Coleman- qui, lors d’une tempête de sable, abandonna sa charrue sur la dune avoisinante. Mais tout change le jour ou Zacharias Lewala découvre, pour la première fois, la fameuse pierre précieuse. Convaincu que cela « pourrait bien être un diamant », il la montre à son superviseur, l’inspecteur ferroviaire allemand August Stauch, qui s’empresse de faire expertiser le « caillou ». Lewala avait raison, il s’agit bel et bien d’un diamant. Quoique bien gardée, la nouvelle ne tarde pas à se répandre comme une trainée de poudre, amenant des centaines de prospecteurs à converger vers Kolmanskop.

La ville se développe alors rapidement, devenant un point névralgique de cette ruée vers le diamant. De grandes et élégantes maisons sont construites, avec une gamme impressionnante d’équipements: une salle de sport, un casino, un hôpital accueillant la première station de rayons X de l’hémisphère sud, une usine à glace et même une salle de bal ou venaient se produire les plus grands opéras européens.

« Des milliers de personnes affluèrent et l’économie de la ville a tout bonnement explosé. La légende dit que vous pouviez trouver des diamants même la nuit, grâce au clair de lune » me confessa Daniella, l’une des managers du site de Kolmanskop. « Il y avait une piscine, poursuit-elle. Vous ne vous attendiez pas à trouver une piscine au milieu du désert. Je pense même qu’ils ont importé du champagne de France.  »
Comble du luxe, le conseil de la ville avait mis en place une équipe de balayeurs qui déblayaient quotidiennement les rues ensablées.

Pourtant, dans les années 30, les richesses de la ville étaient déjà largement entamées. Lorsque des gisements encore plus importants furent trouvés à 270 kilomètres au sud, près de la frontière entre la Namibie et l’Afrique du Sud, de nombreux mineurs décidèrent de lever le camp. La production de diamants à Kolmanskop, qui avait atteint son apogée au début des années 20, diminua jusqu’à ce qu’elle soit finalement arrêtée en 1954. Les dernières familles abandonnèrent la ville en 1956: cette année là, la petite enclave allemande fut définitivement laissée en proie au désert affamé.

Aujourd’hui, le site de Kolmanskop est situé au coeur d’une zone protégée et contrôlée par la « Namdeb Diamond Corporation », une société appartenant à De Beers – un des plus gros conglomérats diamantaires sud-africains – et au gouvernement namibien. Mais avec un permis préalablement demandé, il est possible de le visiter. La ville fantôme est considérée comme un des sites touristiques les plus insolites et graphique au monde.
Une destination ultra-prisée des photographes: Il arrive que ces endroits, une fois remplis de leur propre vide, en viennent à dégager une irrésistible poésie, et que cette poésie, le photographe s’en saisisse, voire la sublime.

Une visite à Kolmanskop offre une expérience mystérieuse, une vision du pouvoir des éléments et du côté éphémère de la vie. Comme un rappel étrange d’un moment dans le temps.
À l’instar de sites tels que le Machu Picchu ou encore les Pyramides de Gizeh, Kolmanskop témoigne de la puissance de la Nature.
Celle qui évolue inlassablement lorsque de grandes civilisations s’éteignent.
Celle qui offre, celle qui reprend. Celle qui impose son temps.
Celle qui se glisse dans tous les espaces et absorbe brique, métal et plâtre comme reprenant ses droits férocement.
Une harmonie à retrouver, sur les vestiges du passé…

CARNET DE ROUTE

Y aller
Par avion pour Kolmanskop, Air Namibia propose des vols de Windhoek, capitale de la Namibie, à Lüderitz .Vérifiez les horaires à l’avance, car il ne peut y avoir que deux ou trois vols par semaine.

En voiture, Luderitz est facile à trouver via l’autoroute B4.
Gardez à l’esprit que si vous conduisez à travers le désert du Namib, les distances entre les villes sont importantes. Prévoyez au moins 5 a 6 heures de route entre Windhoek et Luderitz..

Se loger
À Kolmanskop, vous ne trouverez aucun logement dans le village, mais beaucoup d’excellentes options sur Luderitz. J’ai opté pour un B&B, mais il y a aussi quelques hôtels en bord de mer de très bonne facture.

Ce qu’il faut apporter
En plus de votre équipement photo, il y a quelques autres éléments essentiels a emballer dans votre kit de voyage:
• Le permis pour le village de Kolmanskop – très important et n’oubliez pas de le laisser sur la plage avant de votre voiture.
• De l’eau. N’oubliez, vous êtes en plein désert, les organismes se déshydratent très rapidement.
• Une écharpe légère. S’il y a du vent, une écharpe est la bienvenue pour se protéger des envolées de sable.
Bien que, de mon expérience, vous ne souhaitez pas être là si c’est trop venteux.

Ce qu’il faut porter
• D’abord et avant tout – une bonne paire de chaussures fermées. Il y a beaucoup de débris coupants dans le sable tel que du verre cassé ou encore des morceaux de métal.
• Pensez à des vêtements léger, mais chaud aussi. Une fois le soleil tombe, la température chute drastiquement.
• Chapeau, lunettes de soleil et crème solaire pour se protéger du Soleil.