Dans une région isolée du nord-est de la RDC, la biologiste Anne Laudisoit et son équipe de l’Université de Kisangani ont découvert des petites forêts reliques abritant une population inconnue de chimpanzés et une biodiversité insoupçonnée mais menacée.
Jadis recouvertes de forêts luxuriantes, ces hautes terres enclavées de l’Ituri – déjà décrites par les premiers explorateurs européens au XIXème siècle, comme parmi les plus inhospitalières au monde – sont encore à ce jour très peu explorées… C’est pourtant devenu le terrain de recherche et la région de cœur de la biologiste belge Anne Laudisoit. Anne étudie les maladies infectieuses transmises par des animaux, dans les endroits reculés de la planète. Lors d’une mission sur le terrain en 2015, son ami et guide Otis lui a révélé l’existence d’une nouvelle population de chimpanzés, jamais répertoriée à ce jour dans cette région. Cela semblait tellement incroyable de découvrir des individus de cette espèce menacée de primates au sein d’un tout petit bloc forestier – couvrant à peine 1 km2 – dans cette région enclavée du rift albertin ! Il n’en fallait pas plus pour que, piquée par sa curiosité, Anne recrute une équipe de chercheurs de l’Université de Kisangani et du Centre de Surveillance de la Biodiversité (CSB) pour aller explorer la zone. Depuis lors, l’équipe s’attelle à inventorier la biodiversité de ces petites poches de vie menacées par la déforestation, au gré d’expéditions haletantes dans l’une des dernières terra incognita de RDC.
L’équipe se compose de scientifiques aux spécialités complémentaires : Bienvenu Ndjoku, primatologue, chargé de compter les nids de chimpanzés, et de repérer des traces de leur passage. Justin Asimonyio et Joseph Omatoko, botanistes, se consacrent à l’analyse des espèces végétales présentes, pour tenter aussi de décrire le régime alimentaire des chimpanzés et définir leur rôle dans la dispersion des graines et la régénération forestière. Franck Masudi, herpétologue, traque les reptiles et amphibiens, avec l’espoir de découvrir de nouvelles espèces. Claude Mande, chiroptérologue, se consacre, lui, à l’étude des chauves-souris, et par extension aux oiseaux qu’il relâche après identification. Quant à l’entomologiste Michel Komba, il est chargé, avec Anne, de la chasse aux insectes et larves de mouches pour tenter d’étudier leur rôle dans la transmission de maladies qui touchent les villageois.
Cette équipe bénéficie de l’accueil et de la grande expertise des guides locaux, menés par les vénérables Otis Kpanyogo et Pasteur Jérôme Dz’Na, sans qui ces découvertes et expéditions sur le terrain n’auraient jamais été possibles. Sans oublier les porteurs, aides de camps, et cuisinières ainsi que les villageois qui ont fait profiter de leurs observations et connaissances pointues du terrain et de leurs forêts. Ensemble, un projet est né pour tenter de faire classer ces petites forêts en réserve à gestion communautaire afin de protéger ce qu’il en reste et toutes les espèces qui y vivent. Un film « Mbudha, la source des chimpanzés » relate en images et en émotions le début de cette formidable aventure…
Carnet de route IturiY aller
Vol Congo Airways ou CAA jusqu’à Bunia, le chef-lieu de l’Ituri, depuis Kinshasa, Kisangani ou Goma. Accès possible à Bunia par route depuis l’Ouganda voisin (Entebbe).
Séjourner et déguster
Bunia Executive Lodge
Ce charmant établissement géré par Pacifique Kahasha Birindwa bénéficie de la proximité avec l’aéroport et de tout le confort et des services nécessaires au sein de chambres décorées avec soin. Deux piscines, un office space, une salle de conférence et un patio pour un verre ou repas en terrasse complètent le tout, un peu à l’écart de l’agitation urbaine.
Contact : +243 84 444 2474 / +243 97 644 4411 / +243 819 998 300
[email protected] – [email protected]
5, Rue Pacifique Q/Bankoko
Bunia Airport / Ituri
http://bunia-executivelodge.com
Visiter
Sur la route entre Kisangani et Bunia, la Réserve de Faune à Okapis (inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO), gérée par l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), vaut la visite pour ses magnifiques paysages au sein de la réserve naturelle (à défaut de voir actuellement des okapis…). Des activités de découverte respectueuses des populations pygmées sont également possibles (récolte de miel, séance de chasse nocturne, bivouac dans la forêt, etc.).
Contact RFO : [email protected] – [email protected] (ICCN)
The Okapi Conservation Project : https://www.okapiconservation.org/
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Merci à la Trust Merchant Bank – TMB pour son aide précieuse lors de la réalisation du film « Mbudha, la source des chimpanzés »