Gorée patrimoine mondial de l’humanité. Cette île fascinante, je l’ai abordée avec appréhension, car sa réputation à travers le monde est si grande qu’une liaison intime avec elle me semblait impossible…
La chaloupe Coumba Castel qui filait bon train m’emmenait dans des gerbes d’écumes vers cette petite île de l’Atlantique à 3,5 km au large de Dakar.
Depuis mon enfance les îles me font rêver, alimentant tous les fantasmes, les délicieux frissons de l’aventure et la peur de l’inconnu.
Gorée est la dernière que j’ai rencontrée. D’abord d’une manière fugace lors des biennales des arts contemporains de Dakar en 2006, puis en 2012. Enfin, nos longues retrouvailles en 2013.
Cette île qui me fascine je l’ai abordée avec appréhension, car sa réputation à travers le monde est si grande qu’une liaison intime avec elle me semblait impossible. Ces puissants chefs d’états ou encore les touristes anonymes qui visitent ce lieu, symbole du patrimoine mondial de l’humanité…
Dès mes premiers pas sur la rade, un sentiment étrange s’était emparé de moi. Une présence plus que féminine semblait l’habiter. Je sus plus tard qu’elle avait un nom. Coumba Castel, la Mamy Wata protectrice de l’île.
La quiétude et la sérénité n’ont pas de prix. Ses habitants l’ont compris et savourent plus que jamais le silence tranquille des rues vides de tout véhicule motorisé. Avant la première et la dernière chaloupe qui comme le flux et le reflux de l’océan amènent et ramènent ses touristes sur le continent, l’île reprend enfin son rythme et ses droits. Vous pourrez alors seulement mesurer à quel point le terme « dialogue inter-religieux » est puissant, tant la symbiose harmonieuse entre l’islam et la chrétienté est équilibré.
Gorée est un patrimoine architectural qu’il faut sauver mais pas à tout prix. Il faut avant tout penser à ne pas vider de sa substance ce qui fait l’âme de cette île. Ses habitants sont les seuls habilités à la faire vivre, à transmettre sa mémoire. Ne faisons pas de ce joyau une île musée sans vie et une résidence pour quelques privilégiés fortunés. De nombreux exemples dans le monde nous montrent que cela est possible et qu’il faut être très vigilant.
Texte et photos Jean-Dominique Burton