Gorée et sa porte du non retour sont célébrissimes à travers le monde. Chaque jour, des dizaines de visiteurs prennent d’assaut la chaloupe de Dakar pour venir découvrir l’endroit mythique dont partaient les esclaves pendant les heures sombres de la traite transatlantique.
Les anciennes maisons de maîtres ont été transformées en musées, hôtels, restaurants, galeries d’art pour offrir aux visiteurs une expérience inédite de cette page tragique de l’Histoire.
Situé à quatre kilomètres à peine de la capitale sénégalaise, ce symbole de la traite aurait pu devenir une simple île musée. Au début du XXème siècle, la plupart des habitants avait d’ailleurs délaissé l’île au profit de Dakar et les maisons menaçaient de s’effondrer. Il faudra attendre les années 70 pour que Gorée connaissance enfin un renouveau, grâce à sa classification au patrimoine mondial de l’Unesco en 1978. Mais surtout grâce à ses habitants et ses équipes municipales qui se sont battus pour que Gorée redevienne une vraie ville avec, aujourd’hui, plus de 1600 habitants permanents.
Annie Jouga fait partie de ces Goréens engagés. Goréenne par son père et par sa mère depuis plusieurs générations, elle est architecte de profession et maire adjointe de Gorée par passion. Sa casquette à la mairie, c’est le patrimoine et le logement.
Depuis plusieurs années, elle travaille au sein de la mairie pour que les habitants de l’île aient accès à des structures et des équipements collectifs de qualité. Le centre de santé a été rénové et a désormais un chef de poste à demeure pour s’occuper des urgences. Un centre culturel a été édifié dans une ancienne maison de maître afin de proposer une programmation régulière aux îliens. Plusieurs espaces de jeux ont été installés – terrain de football, terrain de basket, balançoires – pour la moitié de la population qui a moins de 18 ans. Chaque projet est une bataille. Car la Mairie n’est pas riche. A l’instar de ses habitants qui payent encore peu d’impôts locaux.
Mais la tâche la plus difficile de l’adjointe au maire, c’est le logement. La grande majorité de la population de Gorée vit dans des conditions précaires. Très souvent, ils habitent des maisons qu’ils ont héritées, sans droit ni titres, de leurs parents et qu’ils n’ont pas les moyens d’entretenir convenablement. Beaucoup aussi squattent d’anciennes bâtisses administratives délaissées par l’Etat.
Pour permettre à ces Goréens de continuer à vivre sur l’île dans des logements décents et pour éviter aussi que les vielles bâtisses ne disparaissent définitivement, l’adjointe au maire doit redoubler d’inventivité. Elle envisage d’initier un projet de réhabilitation des maisons en collaboration étroite avec leurs habitants sur le modèle de ce qui a été réalisé avec succès dans le centre historique de la Havane. Une tâche d’envergure qui prendra du temps mais qui semble la meilleure option pour éviter, à terme, le départ des habitants et la muséification de l’île.
En attendant que ce projet de réhabilitation ne prenne corps, Annie Jouga, l’équipe municipale et les habitants multiplient des actions culturelles et patrimoniales pour continuer à faire vivre leur île et donner au reste du monde son meilleur visage.
Gorée : carnet d’adresses
Comment y aller : Gorée est desservie depuis Dakar par une chaloupe qui propose 16 aller et retour quotidiens de 6 heures du matin à minuit. Départ de la Gare maritime de Dakar.
Ou résider : La Porte du retour, un hôtel tout confort mis en place par la municipalité dans une vieille bâtisse au coeur de Gorée. + 221 33 839 00 42
Où manger : Gorée propose de nombreux restaurants et buvettes.
Principaux événements culturels :
Vue sur cours : tous les deux ans en mai, les habitants de Gorée ouvrent leurs cours et leurs jardins aux visiteurs. www.regardsurcoursgoree.com
Tous les deux ans en novembre, Gorée diaspora festival, www.goreediasporafestival.sn
Plus d’informations et contacts sur le site de la Mairie : www.mairiedegoree.sn