Lokua Kanza est un artiste d’origines congolo-rwandais, musicien, compositeur, producteur et arrangeur. Il a commencé à chanter dans une chorale quand il avait huit ans et devient à l’âge de 19 ans guitariste du groupe de la célèbre chanteuse Zaïroise Abeti Masikimi. Il est connu pour la fluidité mélodique de ses chansons. Lokua Kanza a collaboré avec de nombreux artistes à travers le monde tels que Jean-Louis Aubert, Christophe Maé ou encore Manu Dibango, pour n’en citer que quelques uns.
Aujourd’hui, après 11 ans d’absence, Lokua Kanza nous fait l’honneur de répondre à nos questions au cours d’un long entretien. Il nous présente son album Moko, qui signifie « un » en Lingala, sorti le 4 juin 2021. Moko est un projet réalisé à travers le monde et rassemblant des musiciens de toutes origines. Une interview exclusive pour Hamaji Magazine.
Lokua Kanza bonjour et merci de nous consacrer cet entretien. Vous avez présenté votre nouvel album le 4 juin. « Moko » peut signifier beaucoup de choses, mais pour vous qu’est-ce que cela évoque? Pourquoi ce choix de titre ?
Moko veut dire « un » en lingala. Il évoque le commencement, mais aussi l’unité, non seulement entre africains mais surtout l’unité à travers le monde.
Après plus de dix ans d’absence, quel est votre ressenti sur l’évolution de l’industrie de la musique, de la scène musicale. Qu’est-ce qui a changé après 11 ans à votre avis ?
Beaucoup de choses ont changé en 11 ans par rapport à la façon de consommer la musique. Nous sommes à l’ère du digital et les gens n’achètent plus la musique comme à l’époque depuis l’arrivée du streaming. Les chansons sont aussi beaucoup plus dansantes aujourd’hui, avec la montée des réseaux sociaux. La plupart de mes chansons le sont aussi, mais dans un autre registre.
Cet album est un merveilleux mélange de langues, de cultures et de sonorités. Il y a d’ailleurs 14 langues présentes sur ce dernier. Pouvez vous nous en dire plus sur les influences de la composition de « Moko » ?
Je suis un grand amoureux de langues et de leur diversité. J’aime surtout le fait qu’elles peuvent énormément impacter la couleur d’une chanson. Certaines langues sont suaves, d’autres au contraire ont des tons beaucoup plus posés, et c’est ça qui fait leur beauté.
Les langues sont aussi un moyen d’unir un maximum de personnes; ce choix est donc parfaitement aligné avec l’esprit de mon album.
Pourquoi avoir choisi le titre « Tout va bien » comme single de l’album que tout le monde a pu découvrir avant sa sortie ?
Par les temps qui courent, le monde a besoin de joie et de positivité. J’ai donc voulu que le public découvre cette chanson en premier afin d’apporter cette lueur d’espoir.
En dehors de ce dernier, quel est le titre sur lequel vous avez le plus aimé travailler et pourquoi ?
C’est difficile de choisir, mes chansons sont comme mes enfants, je les aime pour différentes raisons. Chacune a sa particularité.
L’album a été réalisé dans 12 pays différents. Avez vous une anecdote de voyage à partager avec nous ? Quelque chose qui vous a marqué ou vous a fait sourire ?
Quand j’étais au Brésil, je devais enregistrer avec l’un des musiciens. Nous n’avions malheureusement pas la même disponibilité et quand nous sommes tombés d’accord sur un jour, le studio n’était plus disponible. Nous avons donc été forcé d’enregistrer dans ma chambre sur Garage Band et la qualité de son n’était pas géniale. Néanmoins, nous avons accompli notre mission avant mon départ. Ce fut une expérience très intéressante.
Avez-vous découvert ces pays à l’occasion de la réalisation de votre album ? Qu’avez vous appris de cette belle expérience ?
J’en avais déjà visité 11 sur les 12. Le seul pays que je ne connaissais pas était la Hongrie. Je ne l’ai pas malheureusement pas visité car il m’a fallu passer beaucoup de temps au studio, mais les moments passés avec les musiciens étaient exceptionnels.
Dans cet album, on retrouve des collaborations avec des grands noms de la musique tels que le regretté Manu Dibango ou encore Charlotte Dipanda, mais aussi avec Pamela Baketana, grande gagnante de The Voice Afrique francophone 1ère édition, que vous avez coaché. Qu’est-ce que cela représente pour vous de collaborer avec cette jeune artiste que vous avez accompagné dans le lancement de sa carrière ?
Pour moi, à mon age et avec l’expérience que j’ai, je me dois de passer le flambeau aux jeunes générations. C’est eux qui porteront la musique de notre pays. Et Pamela a une voix exceptionnelle; c’était un honneur non seulement de la coacher dans The Voice mais aussi d’enregistrer cette chanson avec elle.
Quelle est la suite pour vous ? Est-ce que vous pensez déjà à votre prochain album ? À quoi peut-on s’attendre dans les mois à venir ?
Comme vous pouvez l’imaginer je ne pense pas tout de suite à un nouvel album. Ma priorité est que l’album soit écouté par le plus grand nombre afin de faire connaitre notre beau pays et sa culture, mais aussi d’apporter de la positivité par les temps qui courent.
Lokua Kanza, merci.