Près de 25.000 passagers par an. Un parcours entre Matadi et Kinshasa en passant par les gares de Mpozo, Songololo, Kimpese, Kisantu, Inkisi, Madimba, …. Le train « express » Kinshasa – Matadi est l’option idéale qui plus est, à petit prix.
Pour ceux qui voyaient dans le train « Kinshasa – Matadi » quelque chose de nouveau, détrompez-vous ! Il faut remonter en 1886 pour en connaître la genèse. À cette époque, l’exploitation du territoire du Congo par l’Etat Indépendant du Congo via le fleuve rencontre quelques déconvenues et non des moindres : la partie du fleuve entre Matadi et Kinshasa ne s’avère absolument pas navigable à cause de la présence des chutes Livingstone et Inga. Le transport s’effectue alors par portage ce qui se révèle être extrêmement cruel pour les populations sollicitées. La solution ? Une ligne de chemin de fer pardi !
La Compagnie du Congo pour le Commerce et l’Industrie voit le jour en 1886 et deux plus tard, sa filiale, la Compagnie du Chemin de Fer du Congo, entame les réflexions pour la construction de la ligne entre Matadi et le Stanley Pool. Commencée en 1890, elle se termine en 1898. Les défis : sortir des gorges du Congo par le canyon de la rivière M’pozo et créer le passage par les monts de Cristal. Pas moins de 1932 personnes y perdent la vie. Et cela, c’est sans compter les travaux entrepris pour le changement d’écartement et du tracé qui se poursuivent jusqu’en 1931 et voient s’incliner 7000 forçats et travailleurs. Mais une fois ces « difficultés », ou disons plutôt ces atrocités, surmontées, le ballet du Train Blanc entre Léopoldville et Matadi peut désormais aller « bon train ». En effet, la rentabilité de ce faramineux projet est vite avérée grâce notamment à l’exploitation de l’ivoire et du caoutchouc.
Abandonné à son triste sort en 2008, il renaît de ses cendres le 22 août 2015, après 7 années d’interruption, et, cette fois, avec un service tout confort. Avec une rotation d’une fois par semaine, deux locomotives belges (en alternance) et 9 voitures parcourent vaillamment les 366 kilomètres de voie ferrée reliant les deux villes. Entraînés par le rythme cadencé de ce long serpentin de fer, les 534 passagers peuvent admirer la beauté des paysages allant crescendo à l’approche de la ville de Matadi, au passage des gorges et du canyon. Un wagon restaurant et un wagon snack bar font le bonheur des grands et des petits. Et oui, 7 à 8 heures de trajet méritent bien que l’on se sustente un tant soit peu. Muni d’une classe de luxe hyper climatisée et d’une première classe, il y en a pour tous les goûts, mais pour vivre l’expérience, rien de tel que la deuxième classe avec de belles rencontres en perspective.
S’il est intéressant de le prendre par simple curiosité, la plupart des passagers y trouvent une bonne alternative à la route car étant plus sécurisant et plus relaxant. Avec ses 25.000 passagers par an, il dynamise aussi la vente des produits maraîchers issus des régions traversées. Pourquoi se priver d’acheter un petit quelque chose ci et là lors des arrêts en gare ? Il y en a à profusion. Des sourires aussi. Sans oublier les effets positifs du transport de marchandises. Une aubaine pour désengorger le port de Matadi.
Si vous êtes audacieux, tentez un tronçon dans la locomotive. La transmission à l’arraché des données du trajet dans les gares non desservies et l’activation du très typique klaxon pour avertir les animaux errant sur la voie valent la peine d’être observés.
Si le temps vous en dit, pourquoi ne pas faire un arrêt à Kisantu pour déambuler dans le jardin botanique florissant d’essences rares et visiter sa cathédrale. Ou à Kwilu-Ngongo pour arpenter les champs de canne à sucre et visiter sa sucrière. Ou encore à Mbanza-Ngungu pour pénétrer dans ses grottes réputées pour abriter des poissons aveugles. Enfin, le choix ne manque pas … ou si non, allez tout simplement au terminus … à Matadi.
Carnet de route pour Matadi
Dormir et manger
VIVI PALACE
Quartier Ciné Palace
10, avenue Futi Muekono
LEDYA FLAT HÔTEL
10, avenue Ledya
Voir
La ville, étirée à flanc de colline, tire son nom de l’environnement accidenté qui l’accueille, de la proximité des rapides. Matadi signifie en effet pierres en kikongo. À voir dans la ville et ses environs :
- l’Eglise du Sacré-Coeur ;
- l’Hôtel Métropole (il faut jouer d’un peu d’influence) ;
- le Belvédère (un peu « crowdy ») ;
- les hauteurs de la ville pour une belle vue sur le port ;
- le Pont Matadi, anciennement Pont Maréchal (722 mètres de long) et son monument commémoratif ;
- le Plateau Palabala à 12 km en amont de la ville ;
- le Rocher de Diogo Cão ;
- le Barrage d’Inga à quelques encablures.
Infos pratiques sur le train
- Horaires, une rotation par semaine :
- départ / retour : 7H30 de Kinshasa ;
- retour / départ : 7H30 de Matadi ;
- Classe de luxe: 36 places à USD 65 (avec restauration) ;
- Première classe: 70 places à USD 25 (avec restauration) ;
- Deuxième classe: 418 places à USD 12 ;
- 50% du tarif pour les enfants de 5 à 11 ans.