La grande fête traditionnelle du royaume Bamoun est une des plus belles célébrations du Cameroun. C’est aussi le grand moment fédérateur du peuple Bamoun.

Tous les deux ans en novembre, la ville de Foumban dans l’Ouest Cameroun est envahie par des milliers de  personnes aux drôles de petits bonnets colorés.

Ces couvre-chefs à multiples pointes, bâtonnets et bosses, tous différents les uns des autres, sont indispensables pour participer au Nguon, la grande fête traditionnelle du Royaume Bamoun. Ces coiffes rituelles indiquent l’appartenance géographique et le rang social de celui ou de celle qui la porte. Autrefois fabriquées en raphia, elles étaient réservées aux notables des chefferies de la région. Aujourd’hui tricotées en laine, elles sont adoptées par l’ensemble des habitants du Grand Ouest. Et ces derniers redoublent de créativité pour le Nguon, n’hésitant pas à ajouter une touche personnelle sous forme de cauris, plumes et autres breloques.

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Car la fête à laquelle ils viennent participer n’est pas n’importe laquelle. C’est la 545ème édition du Nguon, l’une des plus anciennes cérémonies du Cameroun, célébrée, presque sans interruption, depuis 1394 par les dix-neuf sultans qui se sont succédés sur le trône des Bamouns à Foumban. Ce royaume, qui couvre la moitié de la région de l’Ouest et qui compte plus de huit cent mille administrés, est réputé pour sa forte cohésion et pour la richesse de son Histoire et de ses traditions. C’est Ibrahim Njoya, le 17ème Sultan (1876-1933) qui marqua le plus la dynastie de son empreinte. Il fit ériger en brique le Palais actuel. Il forgea une religion inspirée de l’Islam et du Christianisme. Il inventa même une écriture pour son peuple. Mais trop créatif et  indépendant au goût des colonisateurs français, Njoya fut exilé à la fin de sa vie. Et le Nguon interdit en 1924 car les Français se méfiait d’une fête dont ils ne maîtrisaient ni les rites ni la langue.

Ibrahim Mbombo Njoya

C’est le sultan actuel, Ibrahim Mbombo Njoya, petit fils de Njoya, qui rétablit le Nguon lorsqu’il accéda au trône en 1992. C’était, pour le jeune monarque, un devoir envers ses illustres ancêtres. C’était aussi un défi car le Nguon a pour point d’orgue le jugement du Sultan par son peuple à travers un réquisitoire public riche en accusations et en doléances. Si le jugement reste très ritualisé, il est dit que le Sultan prend très au sérieux les accusations qui lui sont portées. Rituel ou réalité, le Nguon constitue, tous les deux ans, le grand moment fédérateur des Bamouns. Et pour les autres, il constitue une des plus belles cérémonies du Cameroun.

Texte et photos Laure Poinsot

Carnet de voyage Foumban, Cameroun

Y ALLER

Aéroport international de Douala ou de Yaoundé. De nombreux bus vont à Foumban. Compter six heures de route. Nombreuses compagnies internationales : Camair Co, Air France, Brussel Airlines, RAM, Turkish Airlines, etc…

SE LOGER

Situé à la sortie de la ville : le gite Les Petits Loups : + 237 699 65 57 98 ;

Hôtel Baba : + 237 §96 10 42 98

AUTRE

Foumban est considéré comme la cité des arts du Cameroun. Visiter le Palais du Sultan et son musée, le musée de arts et traditions Bamoun, les nombreux artisans situés à la sortie du palais.