Textes et photos: Alexandre van Enst

Resté à l’écart des grands empires qui se sont succédés au Mali, le peuple Dogon perpétue depuis des siècles une tradition emprunte de magie et de mystères. Que ce soit par son miracle agricole, ses greniers suspendus sur la falaise ou encore sa cosmogonie, le peuple Dogon continue de fasciner.

C’est sur le plateau de Bandiagara, dans la boucle du fleuve Niger, que les Dogons ont pendant plusieurs siècles trouvé refuge contre les envahisseurs. Mais si l’isolement du plateau leur apportait protection, l’eau et les terres arables y étaient rares. C’est donc au prix d’un effort acharné que les Dogons y ont appris à cultiver le mil, les haricots et les oignons, ou encore à y faire pousser des plantes médicinales telles que le karité, le néré, le balanzan et le tamarinier. Pour cela les Dogons ont développé une agriculture intensive très soignée caractérisée par une irrigation en terrasses et des casiers maraîchers construits sur des dalles rocheuses, des petites oasis inespérées au milieu des rochers.

Dolo, l’un des aînés de village de Songho, se repose devant des peintures murales qui servent d’intermédiaire entre les hommes et les Dieux.

Mais au fil des siècles, avec la croissance de la population, un nouveau pays dogon s’est peu à peu constitué dans la plaine de Séno-Gondo située en contrebas, ainsi que sur les flancs de la falaise autrefois habités par les Telems. Au beau milieu de la falaise on peut d’ailleurs toujours observer les impressionnants vestiges des greniers Telems. La légende raconte que les Telems et les Dogons accédaient à ces greniers à plusieurs centaines de mètres au-dessus de la plaine à l’aide de tapis volants. Et même lorsqu’on a du mal à croire aux légendes, face à la falaise de Bandiagara atteignant parfois près de 400m de hauteur, il est difficile d’imaginer qu’ils aient pu accéder à ces greniers sans l’aide de leurs tapis.

Mais la magie des Dogons ne se limite pas à quelques tapis volants. La mythologie et cosmogonie Dogon intègre des faits astronomiques invisibles à l’oeil nu, comme la planète Sirius qui y joue un rôle important ou encore les anneaux de Saturne et les satellites de Jupiter. Un savoir qu’ils tiendraient de la visite d’extraterrestres amphibiens venus de Sirius. Mythe ou réalité, le Pays Dogon est un lieu de magie capable de semer le doute dans les esprits les plus cartésiens.

Textes et photos: Alexandre van Enst