Le terril est à Lubumbashi ce que Big Ben est à Londres ou la tour Eiffel à Paris. Un emblème qui domine la ville de sa hauteur, qui lui donne sa fierté et son identité.

A l’instar du patrimoine industriel des vieilles régions européennes, en Angleterre, en Belgique ou en France, le terril, loin d’être considéré comme une scorie dans le paysage, rappelle au contraire un passé glorieux.

Le passé des pionniers, de leur labeur, un passé de richesse et de grandeur : le terril c’est l’accumulation sur des années -de 1924 à 1992- de matière extraite du sol katangais. C’est la preuve du colossal travail abattu par les miniers de toutes origines. C’est une pyramide moderne arrachée au riche sous-sol de la région, aux mines de l’Etoile, de la Ruashi et de Kolwezi en particulier : l’éventail entier des minerais dont a besoin l’économie mondialisée pour fonctionner se trouve au Katanga, et a fait une grande partie de la richesse du Congo Belge, du Zaïre, de la République Démocratique du Congo. Et explique également les soubresauts qui ont pu agiter un Katanga désormais largement pacifié.

Vue du dessus du terril de Lubumbashi

Le terril c’est ainsi un hommage au passé, mais pas seulement. Car la région est résolument tournée vers l’avenir, et se veut à nouveau moteur de l’économie congolaise. Ambition illustrée par deux personnages centraux du Katanga, Moïse Katumbi, gouverneur de la région, et George-Arthur Forrest, notamment copropriétaire de la STL, la Société du Traitement du Terril de Lubumbashi. Cette montagne des faubourgs de la ville connait une seconde vie, depuis que des techniques modernes permettent dorénavant de réexploiter ses scories : de ses 14,5 millions de tonnes le tiers en est récupérable.

Société du Traitement du Terril de Lubumbashi

L’exploitation, qui a recommencé en 2000, devrait perdurer jusqu’en 2020 au rythme actuel : 800 tonnes de scories sont en effet traitées chaque jour, dont on sort une centaine de tonnes d’alliage (65% de fer, 18% de cobalt et 10% de cuivre), pour une production annuelle avoisinant les 5’500 tonnes de cobalt et les 3’500 tonnes de cuivre. Environ 250 tonnes sont exportées chaque semaine, via Dar-es-Salaam, vers une usine de retraitement en Finlande. Enfin, il est conservé 3000 tonnes de coke en stock, non pour tenter d’influer sur les cours d’un marché mondial bien trop grand pour ce type de pratique, mais « en cas d’imprévu », nous affirme Etienne, notre guide ce jour-là sur le site.

Car en plus d’être un business, la STL est aussi une usine pour carte postale, toute en couleurs et tuyaux, image d’Épinal. Elle donne son cachet à la proprette Lubumbashi, et se visite en tant que joyau industriel qui lie le Katanga d’hier et celui de demain. Le terril sur le site permet de prendre de la hauteur, littéralement, et d’admirer la vue sur la ville et ses environs depuis le sommet, après une ascension à couper le souffle. Là encore, littéralement.

Texte et photos :  Benoît Barral